Qu'on le veuille ou non, cuisiner est un acte militant. L'actuelle guerre en Ukraine nous rappelle aujourd'hui à quel point nous vivons dans un monde où nous sommes tous liés et dépendants les uns des autres. Cette guerre tragique a des conséquences dans de nombreux aspects de notre quotidien, mais de la même manière, notre manière de vivre a également des retentissements sur ce qui se joue dans ce conflit. Depuis l'éclatement de cette guerre, je me pose de nombreuses questions sur les gestes et choix qui composent mon quotidien et comment les adapter pour qu'ils ne puissent pas contribuer à alimenter la folie guerrière de Poutine ou qu'ils ne contribuent pas à aggraver les crises existantes. Les possibles actions sont nombreuses mais je ne parlerai ici que de ce qui concerne la cuisine, une activité qui nous réunit et qui nous occupe tous, tous les jours. Voici donc quelques idées et pistes pour cuisiner en tenant compte des tensions économiques et géopolitiques actuelles.
L'actuelle flambée des prix de l'énergie amène à s'interroger sur des manières plus économes de cuisiner. Une manière de réduire sa consommation énergétique est de cuisiner des plats tout-en-un, ce que les Anglais appellent les "one-pot meals". On n'est pas obligés de faire compliqué, il peut s'agir de soupes, de plats mijotés en sauce, de ragoûts... Le principe est de n'utiliser qu'une casserole, sur une plaque, et de tout cuisiner à l'intérieur. On peut avoir la même approche avec le four, qui laisse plus de souplesse car on peut mettre plusieurs plats à la fois à cuire dans un four. C'est là où le batchcooking est intéressant aussi, car on peut profiter d'avoir un four allumé pour cuisiner plusieurs ingrédients ou plats pour plusieurs repas. La cuisine, c'est aussi ce qui se passe après le repas, à savoir la vaisselle, et cette économie de récipients permet d'avoir moins de choses à laver, donc une consommation d'eau chaude plus mesurée.
Parmi les petits gestes, il y a celui des couvercles sur les casseroles. Ca paraît évident comme ça, mais c'est une habitude à prendre pour éviter le gaspillage d'énergie. Sinon, il y la solution simplissime des repas froids: salades, tartines... Parmi les idées plus exigeantes, il y a la conversion à la "marmite norvégienne". C'est une méthode de cuisson longue et lente qui utilise très peu d'énergie. En gros, il s'agit d'une casserole qui est doublée et isolée (on peut acheter une marmite exprès ou simplement envelopper sa casserole de bons isolants), pour que - une fois la chaleur emmagasinée dans le plat après un début de cuisson - on puisse couper le feu et laisser les ingrédients cuire lentement avec leur propre chaleur. J'avoue que je n'ai jamais essayé, surtout qu'il faut avoir du temps devant soi, mais la méthode est intéressante, également d'un point de vue gustatif et nutritionnel.
La cuisine c'est aussi bien sûr ce qu'on mange. Quand nous pensons aux économies d'énergie, nous pensons souvent aux nôtres, celles que nous ferons pour ménager notre portefeuille. Mais en achetant des aliments, on peut aussi choisir de soutenir des filières qui consomment moins d'énergies fossiles qui enrichissent entre autres la Russie. La consommation en circuits (très) courts démontre encore une fois tout son intérêt, car nous mangeons des produits qui n'ont pas traversé l'Europe dans un sens ou dans un autre à bord d'un camion nourri de pétrole. Voilà une raison de plus d'encenser le modèle AMAP 😍. Même logique pour les produits transformés, qui cheminent sur de longs parcours mais en plus, leur fabrication ainsi que celle de leur emballage, a mobilisé de l'énergie. Consommer des produits issus de l'agriculture biologique permet également de ne pas soutenir la fabrication d'engrais azotés, pour d'évidentes raisons sanitaires, mais aussi parce qu'une grande partie de ces engrais sont fabriqués en Russie.
Enfin, la question récente de la flambée du prix du blé et le risque de pénuries, suivi de son corollaire dévastateur, la famine, incite une fois de plus à questionner notre rapport aux céréales. En petits gestes, on peut se mettre à cuisiner sans gluten en se tournant vers les farines de sarrasin, riz, pois chiches... Mais la solution la plus efficace reste quand même de manger moins de viande et de laitages, pour que la production de céréales soit davantage fléchée vers la consommation humaine que animale.
Si vous êtes déjà engagé.e dans une approche écologique/ économe du quotidien, ces suggestions vont seront familières. Peut-être avez-vous d'autres astuces? Les crises que nous vivons créent des sursauts, des urgences, mais les questions soulevées ainsi que leurs solutions existent depuis longtemps. Il ne reste plus qu'à passer à la pratique et à essaimer autour de nous.
Menus de la quinzaine:
A partir d'un panier de blettes, salade, fenouil, carottes, poireaux, courge butternut, roquette, céleri, radis et cébettes.
14 repas:
- gratin de ravioles aux blettes, accompagné de salade
- taboulé d'hiver au fenouil et clémentines
- quiche aux poireaux, carottes et lard fumé, accompagnée de salade
- brocoli rôti au four, steaks et purée de pommes de terre
- velouté de courge
- risotto aux poireaux et carottes
- ragoût de poulet et blettes à la sauce tomate
- buddha bowl d'hiver #7
- pâtes au pesto de roquette et au parmesan
- soupe mulligatawny
- salade de thon-mayonnaise-céleri, pain, haricots rouges, radis
- courge rôtie au four, semoule aux raisins, carottes râpées et oeuf au plat
- omelette aux cébettes, accompagnée de champignons sautés et salade
- stoemp et saucisses
Pour le goûter:
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